
Plaquette technique
Les toitures-terrasses sont soumises dans les DROM à des précipitations qui peuvent être très abondantes avec des rayonnements et des températures en surface mettant à l’épreuve les revêtements. Les malfaçons sont parfois semblables à celles rencontrées en Métropole : mauvaise exécution des relevés d’étanchéité, défaut de protection en tête de relevés, défaut de réalisation des remontées d’étanchéité au niveau des émergences, et absence de joint de dilatation au pourtour des protections lourdes.
Les toitures-terrasses sont des ouvrages sujets à des infiltrations :
Les infiltrations sont dues dans la plupart des cas à des défauts d’exécution des points singuliers. Elles se manifestent principalement au niveau des relevés d’étanchéité décollés ou mal protégés en tête et des émergences des évacuations au travers de l’étanchéité.
Les relevés d’étanchéité ont pour fonction d’empêcher les pénétrations d’eau au niveau des périphéries des terrasses et au droit des sorties ou édicules.
Les désordres de décollement au niveau des relevés sont de plusieurs types :
Moins fréquemment, les défauts d’étanchéité résultent de décollements de lés en partie courante. Ces décollements à la jonction des lés correspondent à des défauts d’exécution des soudures des membranes ou à l’absence de réalisation du complément de pontage dans certains cas.
Les désordres concernent autant des défauts de mise en œuvre de l’étanchéité que des défauts d’exécution des protections (carrelées, béton, chape).
L’étanchéité liquide est souvent appliquée par des entreprises de peintures et non par des étancheurs.
Pour la protection par carrelage, le carreleur ne sait pas toujours quel type d’étanchéité liquide a été utilisé. Exposé à des rayonnements solaires importants et des températures élevées, le revêtement de carrelage se dilate et se met en compression.
Dans le cas de dispositifs de dilatation périphériques insuffisants, l’étanchéité peut être cisaillée au niveau des relevés ou des équerres d’étanchéité et des infiltrations pénètrent sous les terrasses.
En général, la pose des couches de protection lourde se fait sur un complexe non tissé + granulat ou sable + non tissé + protection (schéma 1). La protection béton doit avoir une épaisseur adaptée à la sollicitation, au minimum 6 cm d’épaisseur comportant un dosage minimum de 350 kg de ciment par m³ de béton et l’incorporation d’un adjuvant :
réducteur d’eau plastifiant (NF P18-336) ou superplastifiant (NF P18-333).
La pathologie principale est un cisaillement des relevés d’étanchéité, lié à l’absence ou le non-respect des joints de fractionnement et/ou des joints périphériques.
Dans le cas du béton, la protection béton présente une épaisseur minimale de 4 cm, avec un dosage de 300 kg/m3 de béton et incorporation d’un adjuvant. La pose s’opère sur granulats de 3 à 15 mm de diamètre et d’un non tissé de 170 g/m2 entre le granulat et le béton. Les problématiques de respect des joints de fractionnement et des joints périphériques sont similaires au cas précédent (schéma 2).
Dans le cas courant d’une protection par carrelage ou autre revêtement scellé, les règles APSEL font référence au DTU 52.1, renvoyant au DTU 43.1 avec des préconisations type : désolidarisation par polyane ou non tissé de 170 g/m2 + joint périphérique + surdosage de la chape de mortier à 400 kg/m3 de sable et adjuvant d’un plastifiant.
Les désordres rencontrés correspondent à :
Dans le cas d’un carrelage collé, la pose se fait sur une étanchéité sablée pour augmenter l’adhérence de la colle. Les pathologies sont similaires pour les cisaillements de relevés.
Nota : les protections par caillebotis bois ponctuellement rencontrées apparaissent inadaptées et non visées par le DTU.
En effet, dans un cas la fixation des caillebotis entraîne un risque de percement de l’étanchéité en partie courante. Dans l’autre cas, la mise en œuvre de caillebotis en indépendance présente un risque d’envol en cas d’épisode cyclonique.
Les fortes quantités d’eau de précipitations conduisent à adopter des pentes de 2 % pour améliorer l’évacuation des eaux et à surdimensionner les évacuations (les sections des eaux pluviales sont majorées de 50 % et les terrasses doivent comporter, soit 2 dispositifs d’évacuations distincts, soit une évacuation doublée d’un trop-plein de capacité d’évacuation au moins équivalente).
Le défaut d’entretien des terrasses entraîne le développement de micro-organismes et de végétaux.
En région tropicale, le développement de végétaux est bien plus rapide qu’en Métropole. Les principaux végétaux rencontrés en toiture-terrasse sont les herbes rampantes, appelées trainasses et parfois des bambous. Ces 2 types de végétaux sont particulièrement solides, notamment au niveau des racines qualifiables de perforantes, même dans les premiers mois de développement.
Parfois, l’absence d’entretien peut empêcher le traitement préventif dans le cas d’amorces de décollement ou de désordre au niveau des protections. L’entretien des terrasses est impératif pour maintenir leur bon état, de fréquence a minima annuelle voire plus selon l’exposition (souscription d’un contrat d’entretien auprès d’une entreprise spécialisée).
Dans tous les cas, un respect des conditions de mise en œuvre des relevés est impératif, aussi bien au niveau des relevés que des émergences. Selon la nature des supports, les avis techniques spécifiques aux régions tropicales précisent les principes d’exécution.
Le choix du type d’étanchéité et de sa protection éventuelle est important compte tenu des rayonnements et des chocs thermiques auxquels l’ouvrage est exposé.
Les travaux d’étanchéité et leur protection mettent en jeu plusieurs intervenants, la gestion des interfaces et la coordination des entreprises apparaissent essentielles.
Nota : pour les toitures-terrasses de surfaces importantes avec pentes, des dispositifs de surverse sont conseillés afin d’éviter des mises en charges lors de la période cyclonique. La surverse est un dispositif de trop-plein en façade de la terrasse (fermé sur 3 côtés maximum), permettant le passage libre de l’eau en partie supérieure en cas d’obturation accidentelle des dispositifs d’évacuations verticaux (débris importants déposés par le vent en période cyclonique et débits d’eau conséquents pouvant conduire à la mise en charge des terrasses).