Revue Qualité Construction N°188 - Octobre/Novembre 2021
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Les techniques de réemploi et la réutilisation des matériaux dans le bâtiment se sont développées ces dernières années sous l’impulsion de chantiers pilotes et la création de plateformes virtuelles ou physiques. Néanmoins, la filière doit répondre à de multiples défis tant techniques qu’économiques avant d’envisager un déploiement à grande échelle.
L’économie circulaire est devenue un volet essentiel de la stratégie bas carbone au niveau européen et national, avec une trilogie vertueuse en cas de déconstruction : le réemploi, la réutilisation, le recyclage, afin d’éviter dans la mesure du possible la mise en décharge en prenant en compte la hiérarchie des modes de valorisation. Les opérations de chantiers pilotes de réemploi se multiplient ainsi que les plateformes numériques ou physiques (matériauthèques, ressourceries…) de mise en relation entre l’offre et la demande. Les plateformes digitales de type Cycle Up ou Backacia servent de salles de marché virtuelles avec des catalogues en ligne alimentés par la réalisation de diagnostics ressources des chantiers de déconstruction. « Les clients peuvent acheter les matériaux sur ces plateformes mais doivent souvent fournir la logistique, voire effectuer la dépose eux-mêmes. Il arrive aussi que sur certaines opérations de démolition ayant intégré un volet réemploi, des conventions de cession à titre gratuit soient mises en place à destination de structures associatives, professionnelles ou de particuliers », assure Nicolas EMIN, chargé de mission « Bâtiment » chez VAD (Ville aménagement durable) qui réunit un réseau d’acteurs de la construction et de l’aménagement de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Les plateformes peuvent proposer des garanties limitées à certaines familles de produits. Ainsi chez Cycle Up, la co-fondatrice Coline BLAISON met en avant : « Un atout de notre plateforme numérique par rapport à d’autres est que nous avions dès le départ une garantie produits d’un an, pour passer ensuite à deux ans de garantie. Cette garantie concerne tous les produits à l’exception de ceux liés au structurel, au clos couvert ou à la sécurité incendie, ainsi que ceux liés aux équipements techniques sauf les luminaires. »
Un maillage national d’acteurs du réemploi se met ainsi en place. « Certains acteurs sont par exemple spécialisés en carreaux de céramique, et en réalisent le nettoyage, le tri et le reconditionnement. Ils bénéficient d’une vraie expertise matériaux venant d’un contact avec la matière, acquise parfois depuis plusieurs années et certains fournissent des garanties, par exemple sur des radiateurs en fonte », avance Grégoire SAUREL, directeur technique Réemploi et économie circulaire chez Bellastock. Mais aujourd’hui, avec une approche chantier par chantier et la concurrence du neuf où les prix peuvent être écrasés, la rentabilité est fragile voire inexistante. « Nous avons développé une place de marché agrégateur d’acteurs, avec une vision globale des matériaux. Mais à la création de la société en 2017, nous pensions qu’une massification du marché allait se produire à court terme en trois à quatre ans. Le constat est que plusieurs années vont encore être nécessaires. Il existe en effet beaucoup d’intervenants sur le volet théorique, architectes, bureaux d’études, bureaux environnementaux… mais sur le terrain, les entreprises sont encore trop petites et le volume du marché trop faible, ce qui constitue un écueil au développement du réemploi », avoue Lucile HAMON, présidente et co-fondatrice de Backacia.
Assurer des techniques non courantes
Les pratiques de réemploi relèvent aujourd’hui essentiellement des Techniques non courantes (TNC) et les conditions d’assurabilité sont à vérifier. Dès la conception, il faut informer l’assureur de la MOA et celui de la MOE, ce dernier devant notamment couvrir la prescription du réemploi. Les assureurs décideront au cas par cas de l’assurabilité, avec ou sans surprime. La répartition des rôles et des responsabilités se fait chantier par chantier, mais concrètement sur chaque opération, la place de chaque acteur est à déterminer dans le schéma assurantiel. « Les retours d’expériences montrent que c’est généralement l’assureur de l’entreprise de pose qui prend la responsabilité mais l’assurance Dommages-Ouvrage de la maîtrise d’ouvrage entre aussi en jeu. Notre ambition est de définir avec les acteurs et les assureurs une chaîne de responsabilités qui soit reproductible sur différents chantiers. En particulier, la place et le rôle central du diagnostiqueur Produits équipements matériaux déchets (PEMD) doivent être précisés, en définissant la limite de sa prestation », insiste Charlène RAFFIN, ingénieur Recherche & expertise division Économie circulaire au CSTB. Le fabricant est absent et une partie de la responsabilité est reportée au diagnostiqueur et au qualificateur (s’il diffère) ainsi qu’au détenteur et au transporteur, un schéma qui diverge de la chaîne de responsabilité habituelle en neuf.
Bien entendu, il est primordial de déterminer au préalable si la technique de réemploi est courante ou pas. « La mise en œuvre en réemploi est la même qu’avec des matériaux neufs. En revanche, il faut analyser les caractéristiques du matériau et le bureau d’études, l’architecte ou l’entreprise peuvent apporter des preuves de la conformité du matériau avec ses critères d’acceptabilité. On va demeurer dans le cadre de la technique courante par exemple dans le cas de poutrelles métalliques qui ne sont pas trop anciennes ou de luminaires en tertiaire pour lesquels existe le certificat de conformité. En revanche, en sortant de la technique courante, une analyse de risques doit être menée », détaille Laurent DANDREZ, chargé d’affaires chez Apave, bureau de contrôle technique.
Au niveau du montage de marchés travaux, une approche plébiscitée est que le « lot 0 : Réemploi » vienne alimenter les autres lots, par exemple en fournissant en WC reconditionnés le lot « Plomberie ». « Mais si la MOA veut réemployer des sanitaires qui ont été déposés sur le site, elle doit néanmoins acheter une prestation de reconditionnement à l’entreprise de pose, qui doit prendre en compte dans sa prestation non seulement la pose mais aussi la fourniture. En effet le montant travaux correspondant à la fourniture et à la pose sert d’assiette pour le calcul du montant de l’assurance », complète Charlène RAFFIN (CSTB).
Des avancées réglementaires
Une des avancées réglementaires avec l’arrivée de la RE2020 est de considérer que les déchets constituent des gisements de ressources. Selon l’article 51 de la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, le diagnostic déchets avant démolition est remplacé par le diagnostic PMD (Produits matériaux déchets) ou plutôt PEMD comme les équipements sont aussi répertoriés. Plusieurs fois reporté, le décret d’application doit entrer en vigueur le 1er janvier 2022. Ce décret définit les compétences du diagnostiqueur ainsi que le contenu du diagnostic qui doit « contenir les informations relatives à la nature, la quantité et la localisation des produits, équipements et matériaux générés par l’opération de démolition ou réhabilitation lourde ainsi que les précautions en matière de gestion sur chantier en vue de leur réemploi ». « Le diagnostic est un processus itératif à effectuer par étapes. Il est trop lourd dès la première phase d’aller en détail sur les matériaux et de faire toutes les études. Outre la question des essais techniques, la MOE ou la MOA peuvent aussi apporter des réponses en détournant l’usage des matériaux. Le diagnostiqueur gagne aussi à être capable d’évaluer le potentiel de réemploi », présente Grégoire SAUREL (Bellastock).
Le diagnostiqueur peut en effet proposer une réutilisation, un détournement d’usage, à la place d’un réemploi. « Sur le projet d’aménagement de l’Autre Soie à Villeurbanne, le diagnostic ressources du bureau d’études Eodd donne des idées de réemploi en proposant de déclasser les matériaux pour réaliser des aménagements extérieurs. Par exemple, le béton ou la brique peuvent être utilisés en dallage extérieur, le béton concassé en gabions ou la tuile broyée et concassée et utilisée en paillage, dans un aménagement paysager », détaille Nicolas EMIN (VAD).
De plus, la mise en place d’une filière REP (Responsabilité élargie des producteurs) appliquée aux produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment devrait entre autres permettre le développement de pratiques du réemploi et de la réutilisation. « Les contributeurs à la REP, et leurs éco-organismes, vont devoir travailler sur les sujets du réemploi et plus globalement de l’éco-conception des produits et matériaux du bâtiment. Un autre enjeu est celui du nouveau diagnostic PMD. Parmi les nouvelles compétences du diagnostiqueur figure celle de déceler le potentiel de réemploi et plusieurs acteurs sont en train de développer des offres de formation spécifique », confirme Florence GODEFROY, animatrice Déchets du bâtiment à l’Ademe.
Du diagnostic initial à la qualification
La mise en place d’une méthodologie de diagnostic des gisements existants permet de formuler un premier avis sur l’évaluation des performances (physico-mécaniques, acoustiques, sanitaires, etc.) des produits et matériaux, et d’identifier celles qui seront à tester en fonction du domaine d’emploi ainsi que les modes de preuve à mettre en place. « Il faut aussi penser à la facilité d’accès au gisement, au démontage sans détérioration, aux précautions à prendre pour le stockage temporaire, etc. Une complexité additionnelle est liée au fait que plusieurs acteurs interviennent, pour la dépose des produits, pour leur palettisation, pour leur stockage dans de bonnes conditions. Il faut planifier entre les opérations, entre la phase de déconstruction et celle de réemploi, et si la phase de déconstruction prend du retard, il faut pouvoir changer de gisement en exploitant un autre chantier, mais le diagnostic est à refaire », confie Charlène RAFFIN (CSTB).
La qualification de l’acceptabilité d’un matériau par rapport à l’usage envisagé et la validation des méthodes de dépose, stockage, reconditionnement et mise en œuvre, se font en lien avec le bureau de contrôle technique. Dans cet esprit, Alpes Contrôles a lancé en avril 2021 le Pass Réemploi, une validation des caractéristiques et performances techniques déclarés par le demandeur et portant sur un lot de matériaux, produits ou équipements destinés au réemploi. Pour Laurent DANDRES du groupe Apave, le travail s’effectue en deux temps. L’ensemble des protagonistes doivent s’entendre sur la tolérance de l’acceptabilité pour les performances techniques mais aussi les potentiels défauts esthétiques, et établir un cahier des charges des critères à respecter. « L’organisme de contrôle va analyser les critères d’acceptabilité définis par la maîtrise d’œuvre. Ensuite il est bon que ce soit le poseur qui s’engage sur l’ensemble des critères et sur l’ensemble des pièces. Par exemple dans le cas de récupération de tuiles, le poseur va faire sonner l’ensemble des tuiles une par une afin de vérifier l’absence de fêlures. Ensuite en tant qu’organisme de contrôle, nous procédons par sondage sur le chantier, afin de s’assurer que l’attestation n’est pas frauduleuse », précise Laurent DANDRES (Apave).
Fournir les preuves d’acceptabilité
Des preuves doivent être apportées au bureau de contrôle que les matériaux à réemployer répondent aux critères d’acceptabilité : il faut refaire des PV ou demander une attestation afin de pouvoir proposer et obtenir une garantie annuelle ou décennale. Retrouver la référence produit vient aider en particulier pour des luminaires ou des équipements de sécurité incendie ou électrique. « Dans certains cas plus complexes, par exemple celui d’un extracteur de VMC qui est réemployé, le coût est bien inférieur à un dixième du prix neuf voire nul, mais sa durabilité, sa longévité ne sont pas connues. Il est entendu que la MOA doit être informée que l’équipement ainsi réemployé ne rentre pas dans la garantie décennale. Une réserve est faite sur l’assurance et c’est à la MOA de décider. Il faut aussi prévoir de faciliter le remplacement ultérieur de l’extracteur vu qu’il n’existe pas de garantie sur sa longévité », confie Laurent DANDRES (Apave).
Le rapport de diagnostic va permettre de connaître la localisation du matériau et son usage dans l’ouvrage existant, avec l’historique du produit, ses conditions d’exposition, ses sollicitations mécaniques, etc. « Par exemple la preuve de l’utilisation d’une porte CF 2h de chaufferie en ERP pour une chaudière de puissance supérieure à 70 kW est apportée par son certificat, acceptée par la Commission de sécurité incendie. Même en l’absence de PV incendie, il est possible d’asseoir sa décision sur une présomption de preuves. Il faut aussi vérifier son état de conservation, si la porte comporte des trous ou pas, si elle a été démontée correctement, si elle n’a pas été modifiée par exemple avec un ajout de serrures, etc., afin de valider qu’elle puisse être acceptée en CF 1h », poursuit Laurent DANDRES.
Sur les projets, l’organisme de contrôle met en œuvre des raisonnements de ce type. Dans certains cas, des essais sont nécessaires, par exemple pour des poutres métalliques qui datent de la première moitié du XXe siècle ou dont l’origine n’est pas connue. Des essais en laboratoire permettent de caractériser le métal, de connaître ses nuances et d’obtenir des preuves pour décider de son réemploi. Autre exemple avec le cas des dalles de béton ciré pour le sol pour lesquelles des essais de glissance sont nécessaires en fonction de la destination. Mais les tests et essais en laboratoires augmentent les coûts et ne peuvent être mis en œuvre que sur les grosses opérations. Afin d’évaluer les performances des éléments à réemployer, les réglementations peuvent être comparées. « Pour des dalles de faux-plafond, si la fiche technique est absente, il faut regarder où les dalles étaient installées. Si c’était par exemple dans une salle de fête, alors il est possible de les réutiliser en salle de fête. Si elles étaient posées en tertiaire avec dernier plancher accessible à moins de huit mètres, alors leur usage est exclu en ERP, etc. La mission du contrôleur technique qui consiste à prévenir les aléas techniques sur la base d’une analyse de risque prend tout son sens sur les chantiers de réemploi », conclut Laurent DANDRES.
Améliorer par la traçabilité
Le suivi de la gestion des déchets et leur traçabilité est un élément essentiel à améliorer afin d’éviter des mises en décharge illégales. Les MOA qui imposent un taux minimum de réemploi sur leur opération ont aussi besoin d’une traçabilité précise. « Il est courant que la structure en charge de la mission d’AMO réemploi sur le projet gère la traçabilité. La première étape est celle du diagnostic ressources avant dépose, pour lequel un premier état du gisement est réalisé. Les principales informations du diagnostic sont l’identification des matériaux, leur état, la photo, la quantification, les dimensions, et si possible, les références des produits… », introduit Nicolas EMIN (VAD). La traçabilité du matériau lors des différentes étapes de sa seconde vie (dépose, transport, stockage, reconditionnement, etc.) est aussi très importante pour l’assureur afin de définir les responsabilités. Les outils numériques d’aide au diagnostic donnent un cadre pour la traçabilité du réemploi sur un projet. Ainsi Cycle Up a développé Diag it, un outil logiciel de diagnostic PMD qui anticipe sur la mise en application du décret au 1er janvier 2022. Il fonctionne sur smartphone et sa version de base est téléchargeable gratuitement. Autre exemple, l’éditeur batiRIM a développé une plateforme logicielle de gestion de données pour le diagnostic. « Toute l’action de la déconstruction peut être organisée à partir de ces diagnostics PMD, qui permettent de suivre les flux de matériaux. Le diagnostiqueur sur site effectue le relevé des matériaux en les géolocalisant sur des fonds de plans ou sur une maquette 3D simplifiée pour effectuer un inventaire qualifié et quantifié. Le gain est à la fois précieux pour le diagnostiqueur et pour le déconstructeur, qui accède à une description détaillée du gisement et comportant moins d’erreurs. L’ouvrage est visualisé avec la potentialité de la ressource et la présence de déchets dangereux (plomb, amiante, termites…) », détaille Marie Dominique BOGO, fondatrice de batiRIM. Parmi les références de l’éditeur figurent le site du Cadran Solaire de la Tronche (38) où l’entreprise Eco’Mat38 a été équipée de batiRIM pour réaliser le diagnostic, ainsi que le chantier de déconstruction sélective de la ZAC de la Plaine Saulnier à Saint-Denis (93), futur site de la piscine olympique de Paris 2024 pour la Métropole du Grand Paris. L’entreprise Cardem, filiale d’Eurovia du groupe Vinci, a utilisé batiRIM et identifié environ 167 tonnes récupérables, essentiellement des éléments de second œuvre comme des faux-plafonds, des moquettes, des portes-fenêtres, des plaques de plâtres… Enfin, des claustras d’une tonne chacun ont été vendus à Drouot à des collectionneurs au lieu d’être mis en décharge. Le numérique permet d’annoncer avec précision un taux de réemploi avec preuves à l’appui.
Évaluer le risque sanitaire
Le risque sanitaire est un autre sujet important à considérer en réemploi. Certes un revêtement ancien a l’avantage d’émettre moins de COV. « Mais un produit ancien peut comporter des substances dangereuses comme du plomb ou de l’amiante, avec une difficulté du diagnostic. Par exemple, il est possible d’avoir une menuiserie avec du mastic amianté et dans la pièce d’à côté, pas d’amiante. Sur un chantier d’une centaine de logements, seulement trois d’entre eux comportaient des dalles de sol amiantées dans les WC, ce qui rend le diagnostic préalable exhaustif difficile », expose Charlène RAFFIN (CSTB).
À l’Ademe, Solène MARRY confirme : « L’importance du sujet de la santé a été illustrée lors du colloque du 6 juillet dernier des 10 ans des Défis Bâtiment Santé, intitulé “l’Économie Circul’Air, la Santé dans la Boucle !”. Il portait sur la santé dans le recyclage, le réemploi et la réutilisation, un sujet qui est assez peu documenté dans la base Inies du CSTB. Comme pour tout matériau, il est nécessaire de s’interroger sur l’innocuité pour la santé des matériaux de réemploi, en regardant en particulier leur époque de production et leurs réglementations à travers notamment le nouveau diagnostic PEMD. » La date de construction aide à évaluer les risques en prenant en compte l’évolution des normes et réglementations. « Un des matériaux le plus à risque est le bois, qui a pu être traité avec des produits qui sont maintenant interdits. Il faut évaluer le potentiel de réemploi en fonction de la possibilité de la présence de produits nocifs. Le plomb est aussi un sujet d’attention, car même si son interdiction remonte à 1948, certains produits contenant du plomb ont été posés après cette date », affirme Grégoire SAUREL (Bellastock).
Tenir compte du marché
Au-delà de l’acceptabilité de leurs performances suite à leur usage initial, toutes les familles de produits ne sont pas aussi faciles ou rentables à réemployer. Chez Cycle Up, présente Coline BLAISON, « nous avons démarré notre activité essentiellement avec le second œuvre, ameublement, moquette, parquet, cloisons, luminaires, aussi avec les sanitaires qui se vendent bien. L’aménagement intérieur, en particulier en tertiaire, est un gisement d’éléments en grande quantité, assez récents, en bon état et démontables facilement, comme des luminaires. » En revanche, les faux-plafonds réemployés se vendent plutôt mal et sont bon marché en neuf. Hugo BONNET, responsable Études réemploi chez Cycle Up, complète : « Il faut aussi regarder la qualité et l’homogénéité d’un gisement, et les contraintes techniques pour la dépose et le reconditionnement. Le parquet par exemple est rentable de manière générale, mais quelle est la qualité résiduelle d’un parquet usagé ? Comment le déposer sans dommage et le tester ? Comment le stocker et le mettre en œuvre ? »
Le critère de sélection des matériaux n’est donc pas que technique et repose aussi sur la demande. « Le choix de produits pouvant se vendre va varier en fonction du chantier et du diagnostiqueur. Chaque revendeur a une cible, une communauté, un réseau d’acheteurs différents. Même en se limitant au second œuvre, le scope est très large avec beaucoup de produits référencés et malgré notre expérience nous avons des produits que nous n’avons jamais vendus. Par exemple, certains parquets se vendent bien, d’autre pas, du fait d’un problème de couleur ou de référence », reconnaît Lucile HAMON (Backacia). Au démarrage de la société, les fondatrices de Backacia pensaient avoir beaucoup de neuf venant de surplus à vendre, mais en pratique l’essentiel de leur catalogue est constitué de produits d’occasion venant d’opérations de déconstruction et avec des typologies très variées. Lucile HAMON poursuit : « Attention, le diagnostic ressources se fait très en amont, avant même que l’entreprise de curage ne soit choisie. Il peut se passer six mois ou un an avant que l’intervention de dépose sur site se fasse. Entre-temps, il peut se produire des vols, des disparitions ou des dégradations. » Le diagnostic n’est alors plus à jour et la plateforme peut se retrouver à mettre en vente des produits qui ne sont plus disponibles… 📒