Accueil Ressources Décollement de revêtements de sols souples collés
Fiche pathologie bâtiment - F.05 « Décollement des revêtements de sols souples collés » - AQC

Décollement de revêtements de sols souples collés

Fiche pathologie bâtiment - F.05 « Décollement des revêtements de sols souples collés » - AQC
Fiche technique
Collection : Fiches Pathologie bâtiment
Date de parution : 2024
Date de dernière mise à jour : Janvier 2024

1. Le constat

Les revêtements de sols souples collés sont fréquemment soumis à des phénomènes de cloquage ou de décollement, dont la cause la plus fréquente est la trop forte humidité du support. Un défaut de préparation du support peut aussi être à l’origine de décollements.

2. Le diagnostic

Un revêtement de sol souple collé associe différents éléments.

  • Le support* composé d’un plancher béton, d’un dallage sur terre-plein, d’une chape de mortier, d’une chape fluide à base de ciment** ou d’un plancher bois.
  • Les produits de préparation de la surface : le support est éventuellement traité à l’aide d’un primaire. Il peut être ensuite recouvert d’un enduit de lissage de quelques millimètres (appelé communément ragréage).
  • La colle qui peut être organique, acrylique, polyuréthane, époxydique…
  • Le revêtement proprement dit à base de PVC, caoutchouc ou linoléum

Les revêtements de sols souples sont étanches à l’eau et à la vapeur d’eau.

Ils empêchent l’évaporation de l’eau en excès dans le support, ce qui retarde la prise de la colle qui reste poisseuse. L’augmentation de la tension de vapeur due à un écart de température peut entraîner le soulèvement du revêtement. Le phénomène affecte davantage les revêtements en lés que les revêtements en dalles (dont les joints laissent s’échapper un peu d’humidité).

La présence d’eau peut avoir comme origine :

  • l’eau qui a servi à la fabrication du béton et qui s’évapore au contact de l’air. Ce séchage n’est rapide qu’en surface (3 cm). Au-delà, il peut prendre des mois voire des années si les conditions sont défavorables ;
  • Dans certaines configurations comme les planchers intermédiaires collaborants : le bac acier en sous-face empêche l’évaporation par le dessous. La pose du revêtement sur le dessus enferme complètement l’eau ;
  • Les venues d’eau extérieures concernent les planchers sur vide sanitaire ou cave, peu ventilés et donc exposés aux remontées d’humidité. Ces remontées par capillarité peuvent entraîner la rupture de cohésion de l’enduit de lissage.

Le cas particulier des dallages

Les dallages sur terre-plein se trouvent, après pose de revêtement souple, entre deux barrières étanches formées par le revêtement au-dessus et un polyane en dessous : l’humidité résiduelle au moment de la pose en reste définitivement prisonnière.

* La pose en rénovation sur support ancien n’est pas traitée dans cette fiche
** Le cas particulier des chapes à base de sulfates de calcium (autrement appelées chapes anhydrites) n’est pas traité dans cette fiche.

3. Les bonnes pratiques

Établir le planning d’intervention en amont du chantier

  • À intégrer au planning général de chantier afin que : le clos / couvert soit assuré, les locaux soient préchauffés, les produits soient stockés à température avant la pose, les temps de mise en œuvre et de mise service soient respectés ;
  • Prendre en compte les délais de séchage du support qui peuvent être longs.

Réceptionner le support

Pour éviter la formation de cloques ou les décollements, l’entreprise devra impérativement vérifier avant la pose que le support est sec, même en profondeur. C’est pourquoi il est indispensable d’effectuer une mesure du taux d’humidité du support, le DTU 53-2 décrivant 2 méthodes de mesure :

  • à la bombe à carbure, avec un taux admissible inférieur à 4,5 % à 4 cm de profondeur ;
  • à la sonde hygrométrique, avec un taux admissible inférieur à 85 % à 5 cm de profondeur ;
  • l’entreprise vérifiera aussi qu’aucune humidité ne peut remonter dans le support (cas des caves, vides sanitaires…).

Bien préparer le support

  • S’assurer que le support est propre : exempt de produit de cure, de traces de plâtre…
  • Supprimer les défauts de cohésion de surface (support non friable) et de planéité ;
  • reboucher les micro-fissures de retrait du béton ;
  • dépoussiérer le support ;
  • appliquer un primaire adapté à la porosité du support (qui peut être ouvert ou fermé) et chimiquement compatible avec l’enduit de lissage.

Dans le cas des dallages sur terre-plein, proscrire la pose collée directe et mettre en œuvre l’une des trois solutions prévues par le DTU 53-2 :

  • réaliser une chape désolidarisée sur un film de polyéthylène pare-vapeur ;
  • coller le revêtement de sol plastique sur une sous-couche d’interposition*** ;
  • ou sur une barrière anti-remontée d’humidité – solution nécessitant un dallage armé*** ;

*** Les deux dernières solutions relèvent de la procédure d’Avis Technique

Schéma de séchage de dalle béton à gauche, coupe de plancher sur terre-plein à droite

4. L’œil de l’expert


Il est constaté, dans toutes les classes d’un collège, des cloques sur le sol souple, localisées principalement à l’emplacement des chaises des élèves. Il s’avère que le collage du sol souple est défectueux. Le sol souple a été réalisé dans des conditions de chantier inadaptées : en hiver, dans un bâtiment non chauffé, sans vérification de l’humidité du support. Photo © DR AQC
Dans un bâtiment de logements collectifs, il est constaté localement des décollements linéaires du sol souple. Les décollements correspondent à des micro-fissures de retrait du plancher béton au droit de joints de prédalles. Le DTU 53.2 demande une réception du support avant pose du sol souple et le traitement préalable des éventuelles fissures existantes. Photo © DR AQC
Dans une EHPAD sont constatées des taches sur le sol souple localisées derrières les baies vitrées donnant sur des patios, il n’y a pas forcément de décollement. Les taches résultent d’une humidification permanente du plancher le long des façades, le sol extérieur étant au même niveau que le sol intérieur, sans garde à l’eau. Photo © DR AQC
Dans un restaurant, le sol souple est affecté de multiples cloques. Le sol souple a été posé en rénovation formant un millefeuille composé d’un dallage béton existant, d’une ancienne colle noire amiantée, d’un premier ragréage rose, d’un second ragréage gris et du sol souple collé, multipliant ainsi les risques de décollement. La pose d’un sol souple n’était pas forcément adaptée au contexte, la solution a été de le remplacer par des dalles plombantes. Photo © DR AQC

5. L’essentiel

  • Établir un planning en prenant compte des temps de séchage du support,
  • Évacuer au maximum l’humidité du support et vérifier la siccité du support,
  • Travailler sur un support propre,
  • Proscrire la pose collée directe sur les dallages sur terre-plein.

6. À consulter

  • NF DTU 53.2 Revêtements de sols plastiques collés
  • NF DTU 26.2 Chapes et dalles à base de liants hydrauliques
  • NF DTU 65.14 Exécution des planchers chauffants à eau chaude
  • NF T76-011 Adhésifs – Classification des principaux adhésifs
  • E-cahier du CSTB n° 3509, 3634, 3703, 2055, 3635
  • MÉMO CHANTIER ® Sols souples collés de l’AQC
  • Communiqué n°69 de la C2P de l’AQC

Fiches pathologie bâtiment - Logos de la Fondation EXCELLENCE SMA et de l'AQC